JO 2024: armée et athlètes israéliens, des relations troubles
Le judoka israélien Peter Paltchik a rendu hommage à l’armée de son pays dans une interview après sa médaille de bronze. Pour le même genre de prise de position, des athlètes russes ont été privés des Jeux olympiques.
Peter Paltchik lors de sa victoire contre le suisse Daniel Eich à Paris JO 2024 Photo: AFP (AFP)

Peter Paltchik a remporté le bronze en judo dans la catégorie des moins de 100 kg aux Jeux olympiques de Paris 2024, le 1er août dernier. Il fait partie des 88 athlètes israéliens présents à Paris et a été le porte-drapeau de la délégation à Paris.

Dans une vidéo publiée sur X après sa médaille à Paris, il revient sur sa difficulté à se concentrer sur les Jeux olympiques étant donné la situation en Israël et termine son intervention en soutenant les soldats israéliens qui “combattent” à Gaza. Il déclare vouloir les honorer et les respecter.

Sur X, il a également posté une photo de bombes avec le hashtag “Hamasisisis”, bombes qu’il a signées. La photo fait le tour du net mais la date de publication est inconnue, le compte X de l’athlète ne comptant plus que quelques messages.

Ajoutons qu’en octobre 2023, le judoka a publié plusieur vidéos pour le groupe “Stand with us” dans lesquelles, il soutient la guerre à Gaza, répète “le Hamas est Isis”, explique que le blocus n’existe pas puisque de nombreux Gazaouis travaillent en Israël

Yaël Arad la présidente du Comité olympique israélien a défendu l’athlète en expliquant que “ses déclarations n’étaient pas dirigées contre un peuple mais contre les cellules terroristes du Hamas”, elle a ajouté que la photo de missiles était un photo montage de militants pro-israéliens. Selon le quotidien suisse Le Matin, la Fédération internationale de judo enquêterait sur ces faits.

L’affaire fait réagir en tout cas et relance la question de la présence de ces athlètes israéliens alors que le pays est engagé dans une guerre totale et est accusé de génocide. Emilie Gomis, ancienne championne de basket française a dénoncé sur X "la médaille de la honte".

Et ce, d’autant que le CIO (Comité international olympique) a banni un grand nombre d’athlètes russes de ces Jeux de Paris au motif qu’ils soutenaient la guerre en Ukraine. Le Comité olympique a dit avoir mené de véritables enquêtes sur les publications et les actions des athlètes russes. Les quelques athlètes finalement présents à Paris ont dû concourir sous bannière neutre.

De nombreux athlètes russes bannis des JO 2024

Le journaliste et youtubeur Richard Medhurst vient de publier une vidéo sur sa chaîne youtube où il explique que la collusion avec l’armée israélienne est généralisée et non pas réduite à une seule personne. On ne sait pas si certains ont combattu récemment en Palestine mais ils soutiennent tous la guerre à Gaza.

Selon le journaliste britannique, la judokate Timna Nelson Lévy a dédié sa médaille de bronze aux championnats européens de Zagreb en avril 2024 aux soldats “qui sont des héros qui réalisent une mission sacrée”.

Depuis quelques jours, X pullule de photomontages montrant les athlètes en tenue de soldat et en tenue sportive. Le judoka Sagi Maki, champion du monde dans sa catégorie des moins de 81 kg est particulièrement visé. Le judoka est un soutien de l’armée israélienne. En décembre 2023, le sportif a publié une vidéo sur le site de l’organisation “Stand with us” appelant les internautes à dénoncer le Hamas.

Pour Richard Medhurst, ces publications équivalent à une approbation tacite du génocide et de l’occupation en Palestine.

Les clubs de football israéliens, soutiens indéfectibles de l’armée

Le youtubeur termine sa vidéo en dévoilant une pratique répandue en Israël. Les clubs de football israéliens soutiennent ouvertement l’armée, lui versent des dons, organisent des soirées de levée de fond et les joueurs rendent même visite aux soldats blessés. Une pratique courante dans la société très militarisée israélienne mais qui contrevient à la charte olympique dont ces mêmes clubs de football dépendent. La Charte précise que “les organisations sportives qui font partie du mouvement olympique doivent appliquer une neutralité politique”.

Cette exigence de neutralité a été appliquée par le CIO vis-à-vis des athlètes russes ; l’Afrique du Sud a été écartée des Jeux olympiques pendant plusieurs années à cause de l’Apartheid, mais cette règle ne semble pas s’appliquer à Israël.

Dans une réponse datant du 26 juillet dernier à TRT Français, le CIO indiquait que le cas russe est particulier et qu’il n’a rien à voir avec les conflits qui ont lieu ailleurs dans le monde. “La Russie a violé la charte olympique en violant l’intégrité territoriale du Comité olympique ukrainien”, précisant que la Russie a intégré à ses propres athlètes, les sportifs de ce territoire. Israël en occupant les territoires palestiniens de Cisjordanie et en captant encore récemment des centaines d’hectares ne semble pas émouvoir le CIO.

Le président du CIO, Thomas Bach a, fin juillet, lors de la 142e assemblée du comité, rappelé que les comités olympiques israélien et palestinien vivaient “en paix” et organisaient des compétitions entre leurs sportifs.

Pourtant, le Comité national olympique palestinien a demandé à plusieurs reprises le bannissement des athlètes israéliens à cause de la guerre à Gaza et des 400 sportifs tués. Jibril Rajoub, le président du Comité national olympique palestinien, a également déclaré qu’il ne serrerait pas la main de son homologue israélien, ni d’aucun membre de sa délégation durant les JO de Paris, à moins qu’ils ne reconnaissent l’Etat de Palestine. C’est la définition du “vivre en paix” par le CIO.

TRT Français et agences