Un projet dangereux pour l’environnement
Le groupe pétrolier français TotalEnergies est sous le feu des critiques pour son mégaprojet controversé EACOP (East African Crude Oil Pipeline), en Ouganda et en Tanzanie.
Selon le site d’investigation Disclose, l'enquête de DeSmog accuse le groupe français d’avoir orchestré une campagne massive de désinformation pour défendre un oléoduc géant aux conséquences humaines et écologiques dramatiques.
L’oléoduc EACOP, qui doit relier les champs pétroliers ougandais au littoral tanzanien, s’étendra sur plus de 1 400 kilomètres, en traversant des villages, des rivières et des zones naturelles protégées. Une fois opérationnel, il permettra l’extraction de 34 millions de barils de pétrole par an.
Cependant, les coûts environnementaux et sociaux de cette infrastructure sont immenses. Environ 118 000 personnes verront leurs terres réquisitionnées ou leur accès entravé, bouleversant leurs moyens de subsistance.
Par ailleurs, le pipeline met en péril des espèces comme les éléphants et les chimpanzés, tout en longeant le lac Victoria, une ressource cruciale pour des dizaines de millions d’habitants.
Une campagne de désinformation
Pour contrer les critiques, TotalEnergies a mobilisé des moyens de communication sophistiqués. Selon DeSmog, l’entreprise a confié à l’agence sud-africaine MetropolitanRepublic la mission de promouvoir une image positive d’EACOP tout en étouffant les oppositions.
Cette stratégie prévoit des initiatives de greenwashing, des manifestations fabriquées, et le recours aux influenceurs.
Sont également prévus une fresque murale inaugurée à Kampala, des publicités mettant en avant la biodiversité, ou encore des messages sur la reforestation visant à présenter le projet comme respectueux de l’environnement.
En outre, des simulations de manifestations, mettant en scène de faux soutiens, ont été largement relayés sur les réseaux sociaux sous le slogan #ActionForSustainability, tandis que des personnalités locales ont été rémunérées pour diffuser un narratif favorable au projet et renforcer son acceptation auprès du public.
Alors que ces opérations cherchent à créer l’illusion d’un consensus, les véritables activistes qui s’élèvent contre EACOP subissent une répression accrue.
Arrestations arbitraires, violences policières et intimidations sont monnaie courante pour ceux qui osent dénoncer les impacts du projet.
Une vidéo produite par MetropolitanRepublic en 2023 va jusqu’à stigmatiser ces militants, les qualifiant de “haters” tout en glorifiant la campagne de désinformation.
Cette affaire suscite des interrogations sur le rôle des agences de relations publiques dans la promotion des industries fossiles.
Le collectif Clean Creatives a récemment publié un rapport révélant l’ampleur des collaborations entre les multinationales pétrolières et les agences de communication, avec plus de 1 000 contrats identifiés.
Ces partenariats, notamment ceux impliquant des grands noms comme Publicis, nourrissent des projets contraires aux objectifs climatiques mondiaux.
Alors que le monde tente de limiter les conséquences du réchauffement climatique, des projets comme EACOP mettent en lumière le fossé entre les engagements pris sur la scène internationale et la réalité des investissements dans les énergies fossiles.