Après treize mois de guerre, plus de 16.000 enfants ont été tués, selon le ministère de la Santé palestinien. A Gaza, selon les estimations de l'Unicef, 50.000 enfants souffrent de malnutrition, et 17 000 enfants sont non accompagnés, ce qui signifie qu’ils n’ont plus de parents, ou que leurs familles n’ont pas pu être localisées, notamment à cause des nombreux déplacements imposés par l’armée israélienne et ses bombardements incessants.
L’horreur des chiffres pousse à poser la question suivante : quelle valeur peut avoir ce 20 novembre, date qui marque l’adoption de la Convention relative aux droits de l'enfant par l'Organisation des Nations unies (ONU) ? Rappelons qu’Israël a signé et ratifié cette convention.
Mais le plus dur pour Rosalia Rollen d’Unicef Palestine basée à Gaza, c’est le sort de ces enfants malades ou gravement blessés bloqués dans l’enclave par Israël. 2 500 enfants devraient bénéficier d’une évacuation médicale en urgence pour recevoir des soins, au risque de mourir.
“Il n’est pas du tout facile de faire sortir ces enfants. Avant l’offensive sur Rafah, on pouvait faire sortir environ 300 enfants par mois pour recevoir des soins. Depuis mai 2024, ce chiffre est descendu à 30 par mois”, déplore l’employée humanitaire.
Rosalia Rollen cite le cas d’Islam, un enfant de 12 ans atteint d’un cancer. Les six demandes de sortie médicale que sa famille a déposées lui ont été refusées. Islam est en train de mourir. Le médecin de l’hôpital Nasser à Khan Younis n’a même pas de médicaments pour soulager ses douleurs. Lors de sa visite, la responsable de l’Unicef a retrouvé l’enfant recroquevillé sur lui-même, extrêmement amaigri et à peine conscient.
“Les médecins, les parents sont désemparés face à ces refus. Ces 2.500 enfants, ils ne peuvent pas attendre, ils doivent sortir tout de suite sinon ils vont mourir“, insiste-t-elle avec tristesse.
Les demandes se font auprès du ministère palestinien de la Santé. L’Organisation mondiale de la santé les transmet au COGAT (la coordination des activités gouvernementales dans les territoires), puis l’institution israélienne donne son feu vert ou rejette la demande sans donner les raisons des refus.
2.500 enfants ont besoin d’une évacuation médicale rapide
Rosalia Rollen esquisse un sourire. Elle a enfin reçu une bonne nouvelle ce 20 novembre pour Maysoon, une petite fille qui a été défigurée dans un bombardement. Elle vient d’obtenir l’autorisation d’être évacuée pour les Etats-Unis afin d’y être opérée.
Mais cette bonne nouvelle ne peut cacher la sordide réalité de cette journée du 20 novembre 2024. La responsable communication de l'Unicef à Gaza termine son interview sur un ton désemparé.
”Les enfants de Gaza payent le prix de cette guerre, ils ne l’ont pas commencée, ils n’ont pas les moyens de l’arrêter. On dit qu’il n’y a pas d’endroits sûrs à Gaza. On risque, partout, d’être touché par une bombe. Mais Gaza n’est pas sûr de manière générale. Il n’y a pas assez de nourriture. Il y a des déchets partout, l'eau est contaminée. Quand on est malade, il n’y a pas de soins”, poursuit Rollen.
Le 18 octobre dernier, James Elder, porte-parole de l’Unicef rapportait ce qu’il avait vu durant son quatrième voyage à Gaza : “Gaza est l'incarnation réelle de l’enfer sur terre pour son million d’enfants.”
James Elder insistait sur la dégradation des conditions de vie en une année : Il y a un an, “on déplaçait la population pour la mettre à l’abri, aujourd'hui personne n’est à l’abri. Aujourd’hui, dans le nord, nous sommes de nouveau confrontés à la même situation. Seuls 80 camions transportant de la nourriture ou de l’eau ont été autorisés à entrer dans le nord de Gaza depuis le 2 octobre !”.
La situation est déplorable, la famine guette tout le monde, les Gazaouis vivent de farine et de conserves depuis treize mois quand ils ont accès à de la nourriture. Des milliers de gens vivent dans des tentes qui ne protègent ni de la pluie, ni du froid. L’aide humanitaire arrive au compte-gouttes malgré les dénégations d’Israël et les déclarations américaines. James Elder a conclu sa conférence de presse ainsi: “Gaza est devenu un cimetière pour des milliers d’enfants“.