Les Gardiens de la Révolution iraniens ont annoncé tôt ce mardi avoir lancé plusieurs salves de missiles balistiques sur des cibles "terroristes" en Irak et en Syrie, tuant au moins "quatre civils" au Kurdistan irakien, selon les autorités locales de la région autonome.
Les frappes menées par l'Iran dans la nuit de lundi à mardi interviennent dans un contexte régional tendu, sur fond de guerre à Gaza qui fait craindre un embrasement régional.
L'Iran a justifié les frappes de missiles comme "une opération ciblée" conforme "aux droits légitimes" du pays à "défendre sa sécurité", selon son ministère des Affaires étrangères.
"L'Iran, avec ses importants services de renseignements, a, au cours d'une opération précise et ciblée, identifié les quartiers généraux des criminels et les a visés en utilisant des armes de précision", a déclaré le porte-parole du ministère, Nasser Kanani.
L’Irak convoque son ambassadeur
Le ministère irakien des Affaires étrangères a rappelé mardi "pour consultations" son ambassadeur à Téhéran, Nassir Abdel Mohsen, après les tirs iraniens sur le Kurdistan.
L'ambassadeur a été "convoqué pour des consultations dans le contexte des dernières attaques iraniennes sur Erbil, qui ont fait des martyrs et des blessés", selon un communiqué de la diplomatie irakienne à Bagdad, grand allié politique et partenaire économique stratégique de Téhéran.
Le ministère des Affaires étrangères irakien a condamné "une agression visant la souveraineté de l'Irak et la sécurité de son peuple". Il a, en outre, convoqué le chargé d'affaires iranien à Bagdad pour lui remettre une "missive de protestation".
Le Conseil de sécurité du Kurdistan a accusé Téhéran de recourir à des "justifications sans fondement" pour ses bombardements répétés contre la région.
Le Premier ministre de la région Masrour Barzani a appelé de son côté "le gouvernement de Bagdad à adopter une position ferme contre cette violation de la souveraineté irakienne", assurant qu'il allait être en contact avec : "nos partenaires au sein de la communauté internationale pour mettre un terme à ces attaques brutales".
Le gouvernement irakien a ordonné la formation d'une commission d'enquête pour prouver "la fausseté des allégations de ceux qui sont responsables de ces actes condamnables", selon la diplomatie du pays.
Paris dénonce des "violations inadmissibles"
La France a, également mardi, condamné les frappes iraniennes menées au Kurdistan irakien, les qualifiant de "violations inadmissibles" de la souveraineté de l'Irak, dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères.
"De tels actes (...) contribuent à l'escalade des tensions régionales et doivent cesser", souligne le Quai d'Orsay, alors que la guerre à Gaza entre Israël et le Hamas palestinien fait craindre un embrasement régional entre les alliés des deux camps.
Adrienne Watson, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, a dénoncé pour sa part des frappes "imprécises", soulignant qu'"aucun personnel ni aucune installation américaine n'ont été visés".
Le département d'Etat américain a souligné aussi que les Etats-Unis étaient "opposés" à ces "frappes irresponsables" qui "sapent la stabilité de l'Irak".
Selon l’agence IRNA, l'attaque à Erbil intervient en représailles aux assassinats récents de plusieurs commandants des Gardiens de la Révolution mais aussi de chefs de "l'axe de résistance"- nom donné aux alliés de Téhéran dans sa lutte contre Israël.
Le 2 janvier, dans la banlieue sud de Beyrouth, une frappe attribuée à Israël a tué le numéro deux du Hamas, Saleh Al-Arrouri, et six autres responsables et cadres du mouvement islamiste palestinien.
A la mi-janvier, Wissam Tawil, un haut responsable militaire du Hezbollah libanais, était tué dans le sud du Liban par une frappe, elle aussi attribuée à Israël.