France : Plus personne pour défendre le Mercosur ?
Face à la grogne des agriculteurs, Matignon organise ce mardi un débat à l’Assemblée nationale sur l'accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur. Un vote est prévu mardi à 14h00.
Les agriculteurs entament leur deuxième semaine de mobilisation/ Photo: Reuters (Reuters)

Les messages anti-Mercosur sont de toutes les manifestations agricoles, il y a un an, mais aussi ces derniers jours. Le collectif Non au Mercosur a déjà recueilli 150 000 signatures pour une pétition.

Il faut dire que cet accord est négocié avec des géants agricoles. Il s’agirait de faciliter l‘importation de viande bovine, de poulet, de porc, de sucre et de soja, tout cela en baissant les droits de douane. Le Brésil, par exemple, est le premier exportateur mondial de viande.

La France critique l’accord avec le Mercosur depuis des années, affirmant que “l’accord n’est pas acceptable en l’état”, mais elle est assez isolée au sein de l’Union européenne. La Pologne, la Belgique et l’Autriche pourraient la rejoindre dans le camp des opposants.

Le Premier ministre Michel Barnier a indiqué à Ursula von der Leyen son opposition à l’accord en dénonçant, le 13 novembre, “l’impact désastreux qu’il aurait sur des filières entières, notamment de l’agriculture et de l’élevage”. L’exécutif français aimerait obtenir quelques ajustements à l’accord négocié, des clauses miroir qui imposeraient les mêmes règles de production aux deux parties prenantes.

Les détracteurs de l’accord soulignent la quasi-impossibilité de vérifier et contrôler toutes les importations.

Quel est le tableau des pour et des contres en France ?

Une proposition de résolution a été présentée le 14 mars 2023 par des députés de tous les groupes politiques, sauf le Rassemblement national, pour exiger que les agriculteurs du Mercosur soient soumis aux mêmes règles phytosanitaires que leurs homologues européens. À l’époque, François Rufin, député la France insoumise, qualifiait le Brésil de “ferme-usine du monde”.

Et c’est bien le tour de force de cet accord, il réussi à fédérer tout le monde contre lui. Plus de 600 parlementaires d’horizons politiques divers ont le 21 novembre dernier affiché leur opposition dans une tribune du journal le Monde. Ils estiment que le texte ne respecte pas “les critères démocratiques, économiques, environnementaux et sociaux fixés par l’Assemblée nationale et le Sénat”.

La société civile se mobilise aussi contre l’accord car au-delà des agriculteurs, on trouve des écologistes et des détracteurs du libre-échange. La production massive de soja et d'élevage dans des fermes géantes sont en effet souvent à la source du défrichage sauvage de la forêt amazonienne.

Un rapport récent de la Commission européenne conclut que le Brésil, premier exportateur de viande bovine au monde, ne peut pas garantir que la viande rouge qu’il exporte dans l’UE n’a pas été traitée à l’œstradiol 17-β, une hormone de croissance interdite dans l’Union européenne depuis des décennies, mais encore largement utilisée au Brésil.

Pour les détracteurs, il y a urgence, l’Union européenne envisage d’annoncer l’adoption de l’accord lors du sommet Mercosur prévu à Montevideo, en Uruguay, les 5 et 6 décembre prochains.

TRT Français et agences