“La fin de l'accord sur les céréales de la mer Noire annoncée cette semaine constituerait un coup dur à bien des égards", a averti jeudi le président turc Recep Tayyip Erdogan dans l'avion présidentiel qui le ramenait d'une tournée dans trois pays du Golfe, ajoutant que “la Turquie oeuvre déjà pour empêcher cela”.
"La fin de l'initiative céréalière de la mer Noire aura une série d'effets, allant de l'augmentation des prix mondiaux des denrées alimentaires, dans certaines régions, à la famine, puis à de nouvelles vagues de migration. Nous n'hésitons pas à prendre l'initiative pour empêcher cela", a expliqué M. Erdogan.
"Je pense qu'en discutant de la question en détail avec (le président russe Vladimir) Poutine, nous assurerons la poursuite de ce mouvement humanitaire", a-t-il ajouté, faisant allusion au rôle unique de la Turquie en tant que pays qui entretient de bonnes relations aussi bien avec la Russie qu’avec l'Ukraine qui l'ont aidée à négocier l'accord avec l'ONU.
La Russie a refusé cette semaine de reconduire l’accord signé en juillet dernier avec la Turquie, l'ONU et l'Ukraine. Cet accord a permis l’acheminement des exportations de céréales de trois ports ukrainiens de la mer Noire interrompues après le début de la guerre russo-ukrainienne en février. Moscou se plaint que la partie russe de l'accord qui avait déjà été renouvelé à deux reprises n'était pas mise en œuvre.
Dans le cadre de cet accord historique, plus de 33 millions de tonnes de céréales ont été expédiées depuis les ports ukrainiens, empêchant une crise alimentaire mondiale, a fait remarquer le président turc, ajoutant : "La poursuite d'une initiative aussi vitale en termes de résultats est dans l'intérêt de l'humanité".
M. Erdogan a démenti les rumeurs selon lesquelles l'importance de la Turquie dans la médiation entre la Russie et l'Ukraine aurait diminué.
"Au contraire, nous maintenons actuellement nos relations avec la Russie. Le ministre des Affaires étrangères Hakan (Fidan) et le chef du MIT (l'Organisation nationale du renseignement) Ibrahim (Kalin) poursuivent leurs négociations", a fait savoir M. Erdogan.
Entretiens avec Poutine
Le président turc a ajouté qu'il pourrait bientôt avoir un appel téléphonique avec Vladimir Poutine sans attendre une éventuelle réunion en août.
Auparavant, M. Erdogan avait déclaré que M. Poutine devrait se rendre en Turquie en août pour discuter des relations bilatérales et des questions régionales, y compris l'accord sur les céréales de la mer Noire.
“La Turquie utilisera tous ses outils diplomatiques pour s'assurer que l'accord sur les céréales de la mer Noire reprend”, a déclaré le président turc, avant de poursuivre : "Un consensus a été atteint qui sert l'humanité dans un environnement de guerre, et nous ferons de notre mieux pour le maintenir.”
La Turquie, reconnue internationalement pour son rôle de médiateur unique entre l'Ukraine et la Russie, a appelé à plusieurs reprises Kiev et Moscou à mener des négociations pour mettre fin à la guerre qui dure maintenant depuis plus de 500 jours.