La Cour suprême de Grèce a demandé l'ouverture d'une enquête sur l'affaire des écoutes qui secoue ce pays depuis des mois, après les révélations de l'hebdomadaire Documento selon lesquelles un ancien Premier ministre et plusieurs ministres encore en exercice ont été placés sur écoute illégale, a déclaré une source judiciaire dimanche.
Le rédacteur en chef de ce journal orienté à gauche, Kostas Vaxevanis, a annoncé qu'il témoignerait lundi.
Selon Documento, l'ex-chef du gouvernement Antonis Samaras, les actuels ministres des Affaires étrangères, des Finances, du Développement, du Travail et du Tourisme figurent parmi les victimes de cette affaire d'écoutes, ainsi que l'armateur Vangelis Marinakis, propriétaire des clubs de football Olympiakos et Nottingham Forest.
L'hebdomadaire, qui a des liens avec le parti d'opposition de gauche Syriza, affirme détenir ces informations de "deux personnes qui ont un rôle-clé dans la surveillance".
Selon lui, le logiciel malveillant Predator a été utilisé, en même temps que des technologies employées par les services du renseignement grec (EYP), pour infecter les téléphones non seulement des personnes visées mais aussi de certains de leurs proches.
Le gouvernement s'est inscrit en faux, disant que le journal n'avait pas de preuves, mais a néanmoins demandé la veille l'ouverture d'une enquête.
Vendredi, le parlement européen a appelé la Grèce à mener une enquête "urgente et approfondie" sur cette affaire d'écoutes illégales qui empoisonne le climat politique en Grèce ces derniers mois.
Certaines des personnes visées sont des membres influents du parti conservateur au pouvoir Nouvelle Démocratie et des rivaux potentiels pour le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis.
L'affaire avait éclaté en juillet lorsque Nikos Androulakis, député européen et chef du parti socialiste grec, avait porté plainte en disant qu'on avait tenté à plusieurs reprises de mettre son téléphone sur écoute en utilisant le logiciel-espion Predator.
Deux journalistes et un autre homme politique important de l'opposition avaient ensuite révélé avoir également été victimes d'une surveillance par les services secrets grecs.
Le scandale avait conduit en août à la démission du chef des services secrets et à celle d'un neveu et conseiller du Premier ministre.
Le gouvernement avait reconnu la surveillance de M. Androulakis, sans en donner les raisons, mais nié l'utilisation d'un logiciel illégal.