Cyclone Chido: Mayotte était mal préparée, le désastre prévisible
L’archipel de Mayotte a été dévasté le 14 décembre par un cyclone qui a presque tout détruit sur son passage. François Gemenne , directeur de l’Observatoire Hugo, un centre de recherche sur le climat, revient avec TRT Français sur cette catastrophe.
75% des habitations ont été endommagées à Mayotte / Photo: Reuters (Reuters)

Membre du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), il essaie de sensibiliser depuis des années aux conséquences du réchauffement climatique, mais tempère ici son analyse. Il écrit sur son compte X “Attention à ne pas faire du climat un alibi.”

“D’abord ce n’était pas un méga cyclone, le maximum c’est 5, il était classé 4. On sait qu’avec le réchauffement climatique, les cyclones vont être plus violents mais la différence avec ce cyclone c’est qu’il a évité Madagascar. D’habitude, les cyclones passent par Madagascar avant d’arriver sur Mayotte et donc ils s’affaiblissent avant d’arriver sur l’archipel. Cette fois, il est arrivé en pleine puissance sur Mayotte.”

Mais le chercheur insiste sur un point : ce cyclone n’était pas un événement climatique hors norme, il a fait énormément de dégâts car Mayotte n’était ni préparée ni équipée pour faire face à ce genre d'événement climatique.

“Ce qui crée la dévastation, c’est la vulnérabilité sociale qui règne à Mayotte. La plupart des logements qui ont été détruits n’étaient pas des logements en dur.”

Mayotte n’est pas équipée pour faire face aux cyclones

Un tiers des Mahorais vivent en effet dans un habitat précaire. S’y ajoutent 100 000 migrants sans papiers qui eux aussi viennent grossir les bidonvilles de l’archipel. C’est dans ces quartiers pauvres que les dégâts sont les plus importants et où les autorités craignent de trouver de nombreux corps.

Les autorités locales estiment que 75% des habitations sont détruites, ce qui représente un coût de reconstruction de 4 à 5 milliards d’euros.

Mayotte n’est pas non plus préparée pour les cyclones, François Gemenne en veut pour preuve un système d’alerte à la population qui n’a pas fonctionné. “Très clairement, Mayotte n’était pas préparée à ce type de cyclone. Il n’y avait pas eu d’exercice d’alerte donc le samedi soir, les gens ne savaient pas exactement où ils devaient se rendre. Les messages d’alerte de la Préfecture ont été envoyés en Français et de surcroît la plupart des personnes en situation irrégulière n’ont pas osé aller dans les abris officiels de peur de se faire repérer par la police.”

Mayotte doit améliorer sa prévention cyclone

Pour ce chercheur, la priorité serait d’abord d’améliorer le système d’alerte à la population et la préparation d’exercice car cette zone de l’océan indien est une zone de cyclones. Il ajoute qu’il faut aussi et surtout reconstruire en dur, et ne plus construire dans les zones les plus exposées aux phénomènes climatiques.

Emmanuel Macron a quitté Mayotte ce vendredi en lançant “Maoré na Farantsa paka tcho. Nous sommes une Nation”. Il a promis que de l’eau et des médicaments seraient distribués tous les jours à partir de ce vendredi. Le pont aérien depuis la Réunion effectue quatre rotations par jour. Le président a promis hier de “rebâtir” Mayotte grâce à une “loi spéciale”, mais aussi de “renforcer la lutte contre l'immigration clandestine.”

Les Comores, îles situées à 70 km de Mayotte envoient aussi de l’aide à Mayotte. Elles vont envoyer “environ 250 tonnes de packs d’eau via un ferry à Mayotte ce jour”, a déclaré Houmed Msaidie, conseiller du chef de l’Etat comorien, en charge des affaires politiques. Pour rappel, les Comores considèrent que les deux îles de Mayotte sont comoriennes et non pas françaises. Les migrants présents à Mayotte viennent principalement de ce pays.

TRT Francais