Focaliser l’attention sur des discussions financières à la COP 29, alors qu’un problème sérieux et urgent existe, a heurté l'environnementaliste camerounais Samuel Nguiffo.
Interrogé par TRT Français, Nguifo a souligné que les délégués à la COP 29 ont donné l’impression que “la nature est devenue une marchandise sur laquelle il y a une discussion pour trouver le juste prix entre des acheteurs (les pays riches) et des vendeurs (les pays du sud)”.
Selon le directeur du Centre pour l’Environnement et le Développement de Yaoundé (CED), ceci “ne reflète nullement la gravité de la situation, étant donné que c’est l’avenir de l'humanité qui se joue”.
Ces dernières années, les phénomènes climatiques extrêmes sont venus nous rappeler les menaces du dérèglement climatique. Fin octobre, l’Espagne a connu les inondations les plus meurtrières de son histoire avec au moins 211 morts. Le Maroc, l'Algérie, les pays du Sahel et d’autres pays en Afrique ont, eux aussi, subi la furie des inondations consécutives à des pluies diluviennes, tout comme d’autres pays dans le monde.
A y voir de près, le militant écologiste se demande “si même avec les 1.000 milliards de dollars demandés par les pays du Sud, le problème serait résolu”.
“Y a-t-il des pistes de solutions (au réchauffement climatique, ndlr) qui sont entravées uniquement par le manque d’argent ?“ , s’interroge l'environnementaliste, déplorant par ailleurs le manque de projets pour lutter contre le réchauffement climatique dans la majorité des pays africains.
A Bakou, les délégués ont convenu de fournir, chaque année, un financement de 300 milliards de dollars, avec un objectif global de financement du climat devant atteindre “ au moins 1.300 milliards de dollars d'ici à 2035“.
Les pays ont aussi convenu des règles d'un marché mondial du carbone soutenu par les Nations unies. Ce marché facilitera l'échange de crédits carbone, incitant les pays à réduire leurs émissions et à investir dans des projets respectueux du climat. Pour autant, la lutte pour la préservation du climat se limite-t-elle seulement à l’aspect pécuniaire ?
Pour s’attaquer efficacement au réchauffement climatique dans les pays africains, Samuel Nguiffo préconise d’associer les acteurs non étatiques et infra-étatiques (ONG, associations, ndlr).
“L’Etat central est souvent éloigné des réalités et ne peut pas toujours trouver les solutions idoines (au réchauffement climatique,ndlr)”. Tous comptes faits, conclut-il, il faut se concentrer sur l’objectif de la réduction des émissions des gaz à effet de serre”.
Le cas des forêts du bassin du Congo
Une région comme le bassin du Congo, l’un des plus importants puits de carbone du monde, est un cas d’école pour le militant écologiste.
Les forêts du bassin du Congo sont menacées, du fait d’une déforestation entretenue par la fabrication du charbon de bois notamment. “Le bassin du Congo a connu sa plus grande perte de forêt primaire tropicale en 2022. Cette perte est évaluée à une superficie d’environ 646.722 hectares”, selon un rapport du Global Forest Watch (GFW).
“En privilégiant des projets comme la fabrication du charbon écologique qui est issu des déchets ménagers, on résolverait le problème et préserverait la forêt”, insiste Samuel Nguiffo.
“Mais les fonctionnaires sont déconnectés des réalités et ignorent ces solutions qui existent, mettant l’argent en avant au détriment des projets. C’est la raison pour laquelle, il est important d’associer des acteurs non étatiques à la lutte contre le réchauffement climatique”, insiste-il.
Au regard des engagements de la conférence de Copenhague (COP15) en 2009, le monde doit transformer ses systèmes énergétiques, industriels, de transport, alimentaires, agricoles et forestiers, afin de limiter l’augmentation de la température mondiale en dessous de 2°c, voire 1,5°c.