Conseil des droits de l’Homme: le sort des Gazaouis au coeur des débats
L'ONU a de nouveau tiré la sonnette d'alarme à Genève: la menace d'une offensive israélienne imminente à Rafah pourrait anéantir l'aide humanitaire cruciale à Gaza et mettre en péril la survie de centaines de milliers de civils palestiniens.
Premier jour de la session du Conseil des droits de l'homme à Genève / Photo: AFP (AFP)

La guerre d’Israël contre Gaza et les souffrances des Palestiniens étaient au cœur des préoccupations lundi au premier jour de la session du Conseil des droits de l'homme à Genève.

D'emblée, le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a donné le ton : une offensive généralisée israélienne à Rafah "sonnerait le glas" de l'aide humanitaire, qui bien que "totalement insuffisante", assure la survie de centaines de milliers de gazaouis.

L'offensive à grande échelle envisagée par les autorités israéliennes sur cette ville dans le sud du territoire, "ne serait pas seulement terrifiante pour plus d'un million de civils palestiniens qui s'y abritent; elle sonnerait également le glas de nos programmes d'aide", a prévenu Antonio Guterres, venu à Genève pour l'ouverture de cette 55eme session ordinaire du Conseil des droits de l'homme, qui se tient du 26 février au 5 avril 2024.

Les commentaires de M. Guterres interviennent après que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a réitéré dimanche que son pays lancera une offensive à grande échelle sur cette ville. Un éventuel cessez-le-feu, en cours de discussion à Doha, ne ferait que retarder quelque peu l'inévitable, a souligné le Premier ministre.

Pas de justification

Le Secrétaire général a souligné que "rien ne peut justifier les meurtres, blessures, tortures et enlèvements délibérés de civils par le Hamas, le recours à la violence sexuelle ou le lancement aveugle de roquettes vers Israël". "Et rien ne justifie la punition collective du peuple palestinien", a ajouté M. Guterres.

Au milieu d'une crise humanitaire qui ne cesse de s'aggraver, la principale agence d'aide des Nations Unies aux Palestiniens (UNRWA) a appelé à agir pour éviter une famine à grande échelle à Gaza.

A l'instar des responsables humanitaires, M. Guterres a souligné que "l'aide humanitaire est encore totalement insuffisante".

"Je réitère mon appel à un cessez-le-feu humanitaire et à la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages", a-t-il insisté.

Türk à la rescousse

A la tribune du Conseil, le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme a défendu l'ONU, ses agences et son travail. "L'ONU est devenue le paratonnerre de la propagande manipulatrice et le bouc émissaire des échecs politiques", a ainsi lancé Volker Türk qui, lui même, n'est pas le bienvenu en Israël actuellement, les autorités dénonçant ce qu'elles perçoivent comme un biais de ses services en faveur des Palestiniens.

"Cette situation est profondément destructrice du bien commun et trahit cruellement les nombreuses personnes dont la vie en dépend", a-t-il affirmé, faisant notamment allusion, sans la nommer, à l'UNRWA.

La guerre israélienne a tué près de 30.000 personnes, pour la plupart des femmes et des enfants à Gaza, selon le ministère de la Santé à Gaza.

M. Guterres a déploré que malgré ses appels urgents au Conseil de sécurité de l'ONU pour qu'il prenne toutes les mesures nécessaires pour "mettre fin à l'effusion de sang à Gaza et empêcher une escalade", celui-ci n'a pas agi.

Cette inaction, tout comme face à l'invasion de l'Ukraine, "a gravement - peut-être fatalement - porté atteinte à son autorité", a-t-il averti.

Agences