"La France et la Turquie ont d'immenses défis à relever ensemble. Retour de la paix en Europe, avenir de notre Alliance euro-atlantique, mer Méditerranée. Avec le Président Erdogan, que je félicite pour sa réélection, nous continuerons à avancer", avait écrit le président français Emmanuel Macron sur Twitter pour féliciter son homologue turc pour sa victoire aux élections présidentielles.
Recep Tayyip Erdogan Erdogan a remporté le 28 mai le second tour des élections présidentielles en Turquie, en recueillant plus de 27 millions des voix, alors que le candidat de l'opposition, Kemal Kilicdaroglu, a obtenu plus de 25 millions de voix.
Le ministère français de l'Europe et des Affaires étrangères, avait d’ailleurs annoncé le 1er juin que les présidents français et turc se rencontreront "prochainement".
Quelle sera l'évolution des relations entre la Turquie et la France suite à la réélection d'Erdogan? A quel type de coopération peut-on s’attendre ? TRT Français a posé ces questions à un expert.
"On peut penser que si Erdogan et Macron se rencontrent ou se parlent et parviennent à trouver un terrain d'entente sur certains points, ce ne serait qu’une avancée positive pour les relations franco-turques", constate Aurélien Denizeau, chercheur en histoire, relations internationales et sciences politiques.
Si les relations entre la France et la Turquie traversent aujourd'hui une "situation difficile”, souligne-t-il, il y a également “des fenêtres pour essayer d'apaiser les tensions les plus graves et de fonder quelque chose de plus cordial".
Les relations ont eu tendance à se dégrader avec les tensions entre la Turquie et la Grèce et Chypre dans les années 70.
"La volonté de la Turquie d' intégrer l'Union européenne, alors que beaucoup de politiques français s'y opposaient, et le désaccord sur la stratégie suivie dans certains sujets, en particulier en Syrie en Libye et sur la question de la Méditerranée orientale ont créé un arrière-fond qui n’est pas favorable à de bonnes relations", explique-t-il
Pour autant, "depuis 2021, il y a eu une volonté des deux côtés, de mettre fin aux tensions les plus graves, de revenir à une situation de dialogue et de coopération plus normale", tempère cet expert, citant notamment des dossiers comme celui de la guerre en Ukraine où la France et la Turquie ont adopté "des positions relativement proches, ce qui finalement a pu laisser entendre une possibilité de coopération nouvelle".
"On peut imaginer une coopération qui soit plutôt de type bilatéral. Je ne pense pas que la France et la Turquie soient, pour le moment, dans une optique de coopérer davantage dans le cadre de l'OTAN, dans le cadre des institutions internationales, ou dans le cadre pour relancer le processus d'adhésion à l’Union européenne. En revanche, on peut avoir des initiatives communes, comme la Turquie aime beaucoup le faire et comme Emmanuel Macron semble aussi tenter de le faire. La Turquie fait, par exemple, des initiatives de médiation entre plusieurs États lorsqu'il y a un conflit", estime ce spécialiste.
Sur quels dossiers ? Cela va dépendre de l'actualité internationale, affirme Denizeau, "mais on peut supposer que ce serait plutôt cette forme de coopération par laquelle la France et la Turquie, voyant un intérêt commun à agir sur un dossier, pourraient décider de se mettre ensemble".