Comment les villes européennes s’adaptent à la sobriété énergétique ?
Si l’UE a demandé aux pays des efforts supplémentaires en prévision de mois difficiles, les villes européennes multiplient les mesures pour réduire leurs consommations d'énergie afin de faire face à l’envolée des prix et à une éventuelle pénurie.
Berlin a pris des mesures de sobriété énergétique en éteignant l'éclairage d’environ 200 monuments et bâtiments historiques. (Reuters)

Fermeture d’éclairage public, diminution des températures, investissement dans l’isolation... L’heure est plus que jamais à l’économie d’énergie. Avec les sanctions économiques imposées à Moscou par l’Occident en raison de l’offensive russe en Ukraine, l’interruption totale par les Russes des approvisionnements de Nord Stream 1 a déclenché une crise. Les uns après les autres, les pays européens prennent des mesures exceptionnelles afin de limiter leur consommation de gaz et d'électricité.

Fermeture de musées en France

Les métropoles françaises dont Lille, Strasbourg ou même Marseille ont décidé de réduire les éclairages publics. Si à Lyon, le thermostat des bâtiments va baisser à 19°C, à Libourne, près de Bordeaux, les gymnases ne seront quasiment plus chauffés. Alors qu’une trentaine de piscines ont fermé leur porte en raison des factures beaucoup trop élevées, plusieurs villes ont décidé de baisser la température de l’eau de deux degrés.

Paris, capitale française, restera-t-elle la Ville Lumière ? Selon la maire Anne Hidalgo, oui. Alors qu’elle a dévoilé son plan pour limiter la consommation d’énergie de la capitale, elle a assuré que "La Ville Lumière restera la Ville Lumière, mais la mobilisation doit être générale." Paris prévoit de réaliser 10 millions d’euros d’économies en éteignant les lumières de la tour Eiffel une heure plus tôt et baissant la température des piscines et des bâtiments publics.

A Strasbourg, la mairie a décidé de fermer les musées deux jours par semaine au lieu d’un jour : une décision contestée par l’opposition qui la considère comme un “prétexte” pour remédier à une situation financière critique. Un appel à la grève a d’ailleurs été lancé pour protester contre cette décision.

L’Allemagne, principale victime du gaz russe

De l’autre côté de la frontière, en Allemagne, l'inquiétude gagne de jour en jour du terrain. L’Allemagne, qui a besoin de 90 milliards de mètres cubes annuels soit le double de la consommation française, est le premier pays européen dépendant du gaz russe et donc le premier à être touché par la coupure de livraison de gaz russe envers l’Europe.

Pour éviter une pénurie de gaz, les villes allemandes ont mis en place des mesures dès l’été. A Hanovre, l’eau chaude est coupée dans les bâtiments publics, les piscines, les salles de sport et les gymnases, tandis que les fontaines publiques sont éteintes.

Berlin a aussi pris des mesures de sobriété énergétique en éteignant l'éclairage d’environ 200 monuments et bâtiments historiques. Les bâtiments publics, à l'exception de certains services sociaux, seront chauffés à 19 degrés Celsius maximum, et le chauffage pourra être totalement éteint dans les couloirs et les halls d'entrée.Il sera également interdit de chauffer les piscines privées.

Des mesures nationales contestées en Espagne

Bien qu’elle soit beaucoup moins dépendante du gaz russe comparé à l'Allemagne, l’Espagne a également établi une stratégie nationale avec une publication de décret pour réduire sa consommation de 7% d’ici mars 2023.

Le chauffage des bureaux, commerces, bars et restaurants doit être maintenu en hiver à 19 °C maximum et depuis le mois d'août, l'éclairage des vitrines est interdit après 22 h et l'usage de la climatisation est limité.

La décision n’a pas fait l’unanimité dans le pays. La maire de Madrid, Isabel Diaz Ayuso, a fait savoir qu’elle n’appliquera pas les mesures. Selon Ayuso, le décret sur les économies d'énergie "génère de l'insécurité et fait fuir le tourisme et la consommation (...), provoque l'obscurité, la pauvreté, la tristesse."

En Italie, le chauffage réduit à une heure par jour

Dans son plan d’économie d’énergie, le ministère italien de la Transition écologique a affirmé vouloir réduire la consommation énergétique de 15% entre le 1er août 2022 et le 31 mars 2023.

La température des bâtiments industriels devra baisser d'un degré, à 17°C.

La période de chauffage sera aussi raccourcie de 15 jours sur l'ensemble de l'année et la durée du chauffage sera raccourcie d'une heure par jour. L'Italie est divisée en six zones en raison de sa diversité climatique. Si la zone la plus froide ne subit aucune coupure, la plus chaude n’aura le droit qu'à cinq heures de chauffage par jour du 8 décembre au 7 mars.

Des campagnes de sensibilisation vont voir le jour pour inviter les Italiens à réduire leur durée et température de douche, à débrancher leurs appareils électriques ou même à utiliser leurs lave-linges et lave-vaisselles à pleine charge.

Des acteurs privés prennent également des initiatives. Le président de la Série A, Lorenzo Casini, a par exemple annoncé réduire au moment des matches le temps d'allumage des projecteurs dans les stades.

La Grèce se concentre sur l’isolation

De son côté, Athènes a investi dans l’isolation des bâtiments publics pour économiser 10% d’énergie sur un an. Dans une opération nommée Electre, le gouvernement a annoncé 640 millions d’euros pour isoler les murs, remplacer les éclairages publics traditionnels par des lampes LED alimentées par des mini panneaux solaires, poser sur les vitres un film plastique sombre pour limiter les pertes d'énergie. Des subventions sont même attribuées aux propriétaires pour isoler leurs biens.

Si toutes ces précautions prises visent le même objectif, la réduction de la consommation de gaz et d'électricité, les Européens restent soucieux des factures qui risquent de doubler, voire tripler.

TRT Francais