Le Pakistan, qui se débat toujours avec les conséquences des inondations dévastatrices de l'an dernier, demande lundi des milliards de dollars d'aide internationale pour se reconstruire et mieux résister aux conséquences du changement climatique.
Le pays, le cinquième plus peuplé au monde avec 216 millions d'habitants, est responsable de moins d'un pour cent des émissions de gaz à effet de serre. Mais il est l'un des plus vulnérables face aux événements météorologiques extrêmes qui se multiplient.
Le Pakistan et les Nations unies organisent lundi une conférence internationale à Genève, où ils appelleront pays, organisations et entreprises à augmenter leur soutien, notamment financier, pour le plan de reconstruction et de résilience climatique à long terme du pays.
La conférence s'ouvrira par des discours du Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif et du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres. D'autres chefs d'Etat et de gouvernement doivent s'y exprimer, dont un certain nombre par visioconférence, tels que le président turc Recep Tayyip Erdogan, le président français Emmanuel Macron, et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.
Selon le "Plan de redressement, de réhabilitation et de reconstruction résilients" du Pakistan, qui sera présenté officiellement lundi à la conférence, quelque 16,3 milliards de dollars (15,3 milliards d'euros) sont nécessaires au total.
Le gouvernement pakistanais estime pouvoir en financer la moitié par le biais de son propre budget et de partenariats public-privé, mais a besoin de la communauté internationale pour payer le reste.
Quelque 450 participants d'une quarantaine de pays sont attendus, dont des représentants de la Banque mondiale et de banques de développement.
"Moment crucial"
"Les eaux ont peut-être baissé, mais leur impact est toujours là", déplore Achim Steiner, administrateur du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), qui qualifie les inondations d'"événement cataclysmique". "Il faut un effort massif de reconstruction et de réhabilitation".
De vastes pans du territoire sont restés inondés pendant des mois, et les eaux, qui à un moment ont recouvert jusqu'à un tiers du pays, ne se sont toujours pas retirées de certaines zones du sud. Le niveau de destruction est immense.
Plus de 1.700 personnes ont péri et 33 millions d'autres ont été affectées. Selon le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef), jusqu'à quatre millions d'enfants vivent toujours près d'eaux de crue contaminées et stagnantes.
Des millions de personnes restent déplacées, loin de leurs foyers, et celles qui ont pu rentrer chez elles retrouvent souvent des logements endommagés ou détruits et des champs couverts de boue qui ne peuvent être plantés.
Les prix de l'alimentation se sont envolés et le nombre de Pakistanais en insécurité alimentaire a doublé, à 14,6 millions, selon l'ONU.
La Banque mondiale estime que jusqu'à neuf millions de personnes supplémentaires pourraient tomber dans la pauvreté à cause de la catastrophe.
"Cette conférence est à bien des égards le début d'un processus qui s'étendra sur plusieurs années", a souligné la semaine dernière l'ambassadeur pakistanais auprès des Nations unies à Genève, Khalil Hashmi, évoquant un "moment crucial pour que la communauté internationale se tienne au côté du peuple pakistanais".
Islamabad et l'ONU expliquent que l'événement de lundi vise beaucoup plus large qu'une traditionnelle conférence de donateurs, car il cherche à mettre en place un partenariat international au long terme axé sur la reconstruction, mais visant aussi à améliorer la résilience climatique du Pakistan.
Le Pakistan "est, sur le fond, une victime d'un monde qui n'agit pas assez vite face au défi du changement climatique", pour M. Steiner, qui prévient que sans aide internationale, le pays endurera longtemps "un niveau extraordinaire de misère et de souffrances".