Burkina-Faso : le pouvoir redouble de vigilance à un an de son premier anniversaire
Entre rumeurs de coup d’État, remaniement dans les services de renseignement et arrestations de certains sous-officiers, le pouvoir burkinabé est sur le pied de guerre
         Le capitaine Ibrahim Traoré, le président de la transition au Burkina Faso (Others)

A quelques jours du premier anniversaire de l’arrivée au pouvoir du capitaine Ibrahim Traoré le 30 septembre 2022, un état de fébrilité s’est emparé du gouvernement du Burkina Faso, face à des rumeurs récurrentes de coups d’Etat depuis juillet dernier.

En juillet dernier, alors que le président Ibrahim Traoré assistait au sommet Russie-Afrique à Saint-Pétersbourg, le chef d'État-Major Général des Armées du Burkina Faso, le colonel-major Célestin Simporé avait démenti, les rumeurs insistantes faisant état de mouvements d’humeur dans certaines casernes.

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Mais le problème a pris une autre ampleur lorsque l’hebdomadaire Jeune Afrique a fait état, le 20 septembre, d’un mécontentement dans certaines casernes de Ouagadougou.

Le journal écrivait alors “des mouvements d’humeur ont eu lieu mercredi 20 septembre dans la soirée dans différents camps militaires - y compris au camp Lamizana de Ouagadougou-avant d’être finalement contenus".

D’après le journal, les soldats seraient mécontents par les pertes subies dans leurs rangs lors des affrontements avec les terroristes et de la récente décision du capitaine Ibrahim Traoré d’envoyer des soldats au Niger le cas échéant, pour soutenir les militaires sous la menace d’une intervention des forces de la CEDEAO.

Le 25 septembre, Jeune Afrique revenait encore sur la situation au Burkina Faso en faisant allusion " aux brèves rafales" de tirs entendues au camp Guillaume Ouedraogo dans le centre de Ouagadougou la veille. Le journal indiquait que des tirs avaient même été entendus près de la Primature qui sert de bureau au capitaine Traoré.

En réaction à ces informations, les autorités burkinabés ont pris la décision d’interdire la diffusion de Jeune Afrique dans le pays.

Dans la foulée, des centaines de partisans du capitaine Traoré se sont réunis mardi dans le centre de Ouagadougou pour condamner les "rumeurs" et apporter leur soutien au président.

"Il est notre choix et fait ce que le peuple souhaite. On est là pour dire que si quelqu'un veut le toucher il doit d'abord passer sur nos corps", a déclaré à l'AFP, Salam Ilboudo, un manifestant.

Toujours est-il que les militaires doublent de vigilance. Le 31 août dernier, le ministre burkinabé de l’Administration territoriale évoquait déjà la présence d’individus-dont des étrangers- ayant " pour objectif de déstabiliser la transition et de semer le chaos au Burkina Faso".

Des sous-officiers, dont un adjudant, un sergent-chef et un ex-caporal, ont été interpellés et placés en détention provisoire depuis le 8 septembre dernier pour "complot militaire" et "complot contre la sûreté de l’État".

Le tribunal militaire de Ouagadougou leur reproche d’avoir procédé "à l’identification des points sensibles et domiciles de certaines autorités, dont celui du président, en vue de déstabiliser la transition".

Remaniement dans les renseignements

La commissaire divisionnaire Abdoulaye Gandema a ainsi été nommé au poste de directeur de la sûreté d’État, les services de renseignement de la police, alors que Seydou Ouattara devenait le directeur adjoint de l’Agence nationale des renseignements.


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