Belgique: Bart De Wever, un conservateur à la Primature
Le chef des conservateurs flamands, Bart De Wever, est devenu lundi le nouveau Premier ministre belge.
Le chef des conservateurs flamands Bart De Wever, est devenu lundi le nouveau Premier ministre belge. / Photo: AFP (AFP)

Le dirigeant de 54 ans, qui a prêté serment devant le roi Philippe lundi matin avec ses 14 ministres --dix hommes et quatre femmes, est le premier indépendantiste flamand à prendre la tête du gouvernement fédéral en Belgique.

Près de huit mois après les élections législatives, marquées par la victoire de sa formation (N-VA) en Flandre, il va ancrer le pays davantage à droite avec ses quatre partenaires de coalition, dont le parti libéral francophone (MR) devenu première force politique en Wallonie en détrônant les socialistes.

“Droitisation” de la politique

Bart De Wever a promis de durcir la politique de l'asile et les conditions d'obtention des aides sociales pour les exilés, renforcer la sécurité et la lutte contre le narcotrafic. Sur le plan socio-économique, sa coalition compte "récompenser le travail" en limitant à deux ans le droit aux allocations chômage.

Son arrivée au "16 rue de la Loi", siège de la primature belge, lui a valu les félicitations de Marion Maréchal, l'alliée d'Eric Zemmour en France.

Sur X, l'eurodéputée française a souligné que les partis européens associés dans le groupe ECR (droite radicale) au Parlement de Strasbourg comptaient désormais "trois Premiers ministres à la table du Conseil européen", avec l'Italienne Giorgia Meloni et le Tchèque Pietr Fiala. La N-VA de Bart De Wever a trois élus dans le groupe ECR.

Dans la foulée de sa prestation, M. De Wever avait son premier rendez-vous dès lundi avec ses homologues de l'UE pour une réunion consacrée à la Défense européenne.

"Et maintenant, au boulot", a commenté le Belge sur les réseaux sociaux.

Après une longue attente de sept mois et demi depuis les élections de juin, un accord de coalition à cinq a été scellé vendredi soir, un compromis rendu compliqué par l'effort budgétaire et les importantes réformes socio-économiques à mener pour assainir les finances publiques.

Des réformes économiques en perspective

Avec un déficit public attendu pour 2024 à 4,6% du PIB, la Belgique est un des pires élèves de l'UE, et le gouvernement De Wever compte dégager 20 milliards d'euros pour entrer progressivement dans les clous européens... en limitant les dépenses publiques dans de nombreux secteurs tout en relevant le budget de Défense.

Loin des 2% du PIB exigés pour tous les pays membres de l'Otan, ce budget en Belgique avoisine les 1,3%, et Theo Francken, nouveau ministre (N-VA) de la Défense, a déjà promis d'"arrêter de profiter des autres".

Outre la N-VA --dont Bart De Wever abandonne la présidence, la coalition réunit les chrétiens-démocrates (CD&V) et les socialistes flamands (Vooruit), ainsi que deux formations francophones, le Mouvement réformateur (MR, libéral) et les Engagés (centriste). Les cinq partis représentent 81 des 150 députés de la nouvelle Chambre élue le 9 juin.

Côté casting, son équipe ignore le principe de la parité, avec une forte majorité d'hommes.

"Je suis surpris, c'est dommage", a réagi Bart De Wever, en rappelant que la désignation des ministres était la responsabilité des chefs des partis engagés dans la coalition.

Le nouvel attelage succède à celui du libéral Alexander De Croo en place depuis octobre 2020. Il signe le retour au pouvoir de l'Alliance néoflamande (N-VA), déjà associée à un gouvernement de centre droit entre 2014 et 2018.

Outre Theo Francken, une autre figure de la N-VA de la période 2014-2018, l'ex-ministre de l'Intérieur Jan Jambon, fait son retour au gouvernement, chargé des Finances.

Du côté des visages déjà présents dans le gouvernement sortant, le socialiste flamand Frank Vandenbroucke conserve le portefeuille de la Santé, tandis qu'Annelies Verlinden (CD&V) passe à la Justice en laissant l'Intérieur au libéral francophone Bernard Quintin.

Enfin, le centriste francophone Maxime Prévot a été désigné chef de la diplomatie.

TRT Français et agences