Le discours a été de part en part ponctué de huées, et de cris de colère des députés. Le Premier ministre a commencé son discours en affirmant que “la France n’a jamais été aussi endettée”.
Il n’a pas hésité à rappeler devant des élus étonnés que la dette a augmenté à chaque nouveau président ces dernières décennies. “Tous les partis de gouvernement ont une responsabilité, “dit-il, François Bayrou énumère quinquennat après quinquennat comment la France s’endette sans discontinuer depuis 2007.
Le Premier ministre a parlé pendant une heure trente jouant parfois l'humour, un brin gaffeur quand il mélange ses feuilles, il a passé en revue de multiples sujets sans vraiment donner de détails. Ainsi, il fait avec un tour d’horizon sur les questions internationales, appelle à une Europe plus forte face à un ordre mondial en train de changer, puis passe à la composition de son gouvernement, sans coup férir.
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Les priorités que s’est fixées Bayrou
Mais ce discours de politique générale se résume tout de même en quelques mots: il faut faire des économies.
L’urgence du gouvernement, François Bayrou le dit clairement, c’est de voter les deux budgets, celui de la sécurité sociale et celui de l’Etat.”Il faut se ressaisir” prévient le Premier ministre. Le blocage a entravé tous les secteurs, des recrutements sont stoppés, les mesures de soutien à la Nouvelle-Calédonie sont stoppées.
La conclusion de l’exécutif est logique. La réforme de retraites est vitale pour notre pays et notre système social. Le Premier ministre propose de relancer les discussions sur les retraites avec les partenaires sociaux dès vendredi prochain.
Le chef du gouvernement annonce le lancement d’une mission flash à la Cour des Comptes pour faire un état des lieux sur le système de retraite aujourd’hui.
François Bayrou a donc abandonné l’idée de suspendre la réforme voire de l’abroger, il propose juste de rouvrir des discussions.
La seule exigence que le gouvernement se fixe c’est de stopper le déséquilibre financier, insiste-t-il, il y a aujourd’hui plus de pensions versées aux retraités (380 milliards d’euros par an) que de cotisations prélevées (320 milliards d’euros) auprès des actifs.
François Bayrou prévient que si les partenaires sociaux ne s’entendent pas sur de nouvelles voies d’économies, la réforme actuelle sera appliquée. Le Premier ministre fait un geste envers la gauche mais pas de concession, pas certain que cela soit suffisant pour s’assurer un engagement de non-censure.
L’introduction de la proportionnelle dans les électioins
Logiquement le budget qu’il va présenter au cours de ce mois sera dans la même ligne. Les prévisions de croissance ont été revues à la baisse après la censure du gouvernement Barnier, prévient le chef du gouvernement, le déficit public est estimé à 5,5%, il y aura donc des économies obligatoires dans tous les ministères. Aucun détail n’est donné dans ce discours, aucun chiffre, aucun engagement sur les impôts ou pas, on reste dans le discours général.
Des élus socialistes après avoir rencontré plusieurs membres du gouvernement cette semaine ont dénoncé un projet de budget pire que celui proposé par Michel Barnier, le précédent Premier ministre, censuré en décembre dernier.
Au-delà des économies imposées par la dette, François Bayrou reste dans le flou le plus total. Il se contente de principes de gouvernement.
Il a promis de réformer l’Etat, de chercher une forme d’harmonie. Il souhaite l’introduction de la proportionnelle dans les élections pour que chacun trouve sa place explique-t-il.
Le discours n’a pas semble t-il pas séduit les députés, beaucoup sont sortis en se posant cette question, comment ne pas censurer ? Ainsi le député du Nord Sébastien Chenu, du Rassemblement national, s'est dit inquiet après une heure trente de discours "lénifiant." mais a priori le parti ne censurera pas ce gouvernment.
Le Premier ministre pourrait chercher à exorciser la menace d’une motion de censure que la France insoumise a déjà promise, François Bayrou estime que “l’épée de Damoclès de la motion de censure paraît avoir installé la précarité au sommet de l’Etat”. Il dit regretter l’incapacité des élus à gérer le pluralisme. “Il est temps de changer de logiciel démocratique.” conclut-il.