La découverte la semaine dernière de traces de poliovirus de type 2, dérivé du vaccin contre la poliomyélite dans les localités de Deir al Balah et Khan Younis dans la bande de Gaza suscite des inquiétudes.
Le ministère de la santé de Gaza a précisé que le virus avait été détecté dans les eaux usées, à l’issue de tests en laboratoire effectués en partenariat avec l’UNICEF et l’OMS.
Le ministre israélien de la Santé a confirmé les mêmes informations.
Par conséquent, l’Organisation mondiale de la santé met en garde contre les risques élevés d'épidémie de poliomyélite a Gaza, compte tenu des conditions épouvantables qui y règnent.
Selon l’OMS, l’escalade de la guerre menée par Israël à Gaza a entraîné une augmentation continue du nombre de morts et de blessés, une surpopulation sévère dans les abris et une perturbation des systèmes de santé, d’eau et d’assainissement, de quoi accélérer la propagation de maladies infectieuses.
“Nous considérons qu’il existe un risque élevé de propagation du poliovirus circulant dérivé d’une souche vaccinale de type2 (PVDVc) à Gaza et non seulement en raison de la détection, mais aussi en raison de la situation très désastreuse de l'assainissement de l’eau”, a souligné Dr Ayadi Saparbek, Directeur exécutif chargé du Programme OMS de gestion des situations d'urgence sanitaire.
L’UNRWA et les organismes humanitaires ont généralisé la vaccination à Gaza ces dernières années. En 2022 , la couverture vaccinale contre la polio dans les territoires palestiniens atteignait 99 %. Fin 2023, elle était tombée à 89 %. Avec l’offensive militaire israélienne, la couverture pourrait être plus faible à Gaza aujourd’hui.
En dessous de 95 % de taux de couverture contre la poliomyélite, avertissent les experts de l’UNICEF, les risques de propagation d'épidémie sont réels.
À cela, il faut ajouter les mauvaises conditions d'hygiène et d’assainissement qui sévissent à Gaza. Une épidémie de poliomyélite serait une plongée en arrière, étant donné que cette maladie a été éradiquée à Gaza il y a 25 ans. Dans le monde, le Pakistan et l'Afghanistan sont les deux seuls pays endémiques à la maladie, selon l’OMS.
Potentiel épicentre de la maladie
La poliomyélite est une maladie infectieuse. Elle s’attaque au système nerveux et touche généralement les jeunes enfants. Elle peut rapidement entraîner la paralysie et, dans certains cas, la mort.
Gaza pourrait ainsi devenir un centre de propagation de cette maladie dans la région. En Israël, les autorités ont vacciné les soldats engagés à Gaza, alors que l'inquiétude est de mise.
“Il sera presque impossible d’arrêter le mouvement écologique du virus”, d'après le Dr. Lior Nesher, directeur de l’Institut des maladies infectieuses à l’hôpital médical Soroka de Beer Sheva, interrogé par Times of Israel. “La maladie ne respecte pas les frontières”, avertit-il d’autant plus qu'à leur retour dans le pays, les soldats pourraient disséminer le virus dans “la boue, les vêtements…etc”. Autrement, le poliovirus pourrait circuler dans le pays et au Moyen-Orient.
Tout compte fait, la découverte des traces de poliovirus de type 2 à Gaza devrait alerter sur l'état de la santé dans le monde. Une éventuelle épidémie de poliomyélite dans le territoire palestinien pourrait anéantir 36 ans de lutte en faveur de cette terrible maladie qui est en voie d’éradication dans le monde.
Seul le retour effectif de la paix à Gaza, avec des autorités veillant convenablement sur la santé des populations est à même d'éviter les dangers de l’explosion d’une épidémie de poliomyélite…
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