Le ministère de la Santé de Gaza a annoncé, tôt mardi, la mort de 107 Palestiniens dans 11 massacres perpétrés par les forces israéliennes dans la bande de Gaza au cours des dernières 24 heures, dont 15 à Rafah, ville à la frontière de l’Egypte où s'entassent 1,5 million de Palestiniens, la majorité d'entre eux déplacés par les bombardements dans le reste du territoire.
Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté lundi pour la première fois depuis le début de la guerre, par 14 voix pour et une abstention - celle des Etats-Unis - une résolution appelant à un "cessez-le-feu". Allié historique d'Israël, Washington s'était jusque-là opposé au terme "cessez-le-feu" dans les résolutions de l'ONU, bloquant trois textes en ce sens.
Le texte "exige un cessez-le-feu immédiat pour le mois du ramadan" - qui a débuté il y a deux semaines -, devant "mener à un cessez-le-feu durable", et "exige la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages".
Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a estimé qu’il serait “impardonnable” de ne pas appliquer cette résolution.
Israël ne mettra pas fin à la guerre
En réaction à la résolution adoptée par l’ONU, le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant, en visite à Washington, a déclaré que son pays ne mettra pas fin à sa guerre à Gaza tant que le Hamas n’aura pas libéré les otages.
“Nous n’avons pas le droit moral d’arrêter la guerre tant qu’il y a des otages à Gaza”, a-t-il affirmé avant une rencontre avec le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan, et le secrétaire d’État américain, Antony Blinken.
Juste après l’adoption de la résolution onusienne, Israël a annulé la visite d'une délégation attendue à Washington, déclarant que l'abstention américaine "nuisait" à la fois à son effort de guerre et à ses efforts pour libérer les otages retenus à Gaza.
Crise humanitaire
Sur le terrain, la situation demeure critique pour les 2,4 millions d'habitants du territoire assiégé, et menacé de famine selon l'ONU et des organisations internationales.
Au moins deux grands hôpitaux, accusés par Israël d'abriter des bases du Hamas, sont visés par des opérations de l'armée, une semaine après le début de l'intervention contre l'hôpital Al-Shifa de Gaza-ville, le plus grand du territoire.
Cet hôpital et ses environs ont été visés lundi par des tirs d'artillerie, selon le Hamas, tout comme les abords de l'hôpital Al-Amal de Khan Younès. Le Croissant-Rouge palestinien a annoncé dans la nuit avoir évacué 27 membres de son personnel à Al-Amal, après l'évacuation dimanche de déplacés qui y avaient trouvé refuge.
A Jabaliya, dans le nord, des habitants, dont beaucoup de femmes et d'enfants, faisaient la queue lundi pour remplir des bidons d'eau qu'ils emportent dans des brouettes, des chariots ou à la force de leurs bras.
"Nous n'avons même pas de nourriture pour nous donner l'énergie d'aller chercher de l'eau, sans parler des enfants innocents, des femmes et des personnes âgées", a témoigné un homme, Bassam Mohammed al-Haou.
Arrivant principalement depuis l'Egypte via Rafah, l'aide humanitaire est contrôlée strictement par Israël et entre dans la bande de Gaza au compte-gouttes, ce qui a poussé des gouvernements étrangers à larguer, par parachutage, des colis alimentaires.
Confrontée à cette crise humanitaire majeure, l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) a annoncé dimanche être désormais formellement interdite par Israël de toute livraison d'aide alimentaire dans le nord du territoire, où la situation est particulièrement dramatique.
"Des gens meurent pour obtenir une boîte de thon", s'est emporté Mohamad Al-Sabaawi, un habitant de Gaza, brandissant à la caméra l'unique boîte de thon qu'il a pu récupérer. Non loin, un autre homme a confié à l'AFP risquer sa vie pour une boîte de haricots "qui sera partagée avec 18 personnes".