L’humoriste était suspendu d’antenne depuis le 2 mai dernier de l'émission le Grand Dimanche soir sur France Inter / Photo: le Grand Dimanche soir (le Grand Dimanche soir)

Guillaume Meurice a déclaré, ce mardi, à l'agence de presse AFP, qu’il avait reçu un courrier de licenciement pour faute grave. L’humoriste était l’un des piliers de l’émission de Le Grand Dimanche soir de Charline Vanhoenacker.

Le 28 avril dernier, il avait réitéré ses propos sur Benyamin Netanyahou, qu’il qualifiait de “nazi mais sans prépuce”. Le chroniqueur radio avait déjà tenu ces propos le 29 octobre 2023. Mais le tribunal de Nanterre avait classé sans suite la plainte de l’Organisation juive européenne. La justice avait rappelé au passage le droit à la caricature.

La présidente de Radio France, Sibyle Veil, s’est expliquée dans un message envoyé à tout le personnel de Radio France. Selon elle, le comédien a “ignoré l’avertissement qu’il avait reçu, la mise en garde de l’Arcom” (le régulateur de l’audiovisuel)” et n’a pas laissé d’autres choix à l’entreprise.

Quelle place pour l’humour à Radio France ?

C’est bien la question que se pose le public. Depuis la mise à pied de l’humoriste, des intervenants de l’émission dominicale ont claqué la porte comme le franco-marocain Djamil le Shlag, le 6 mai dernier. Waly Dia, humoriste, a, il y a une semaine, signé une chronique au vitriol contre France Inter, “en France, tu es accusé de crime de guerre, tu peux être invité dans un JT. Par contre, si tu fais une blague sur ce criminel de guerre, tu es interdit de radio”. En effet, Benjamin Netanyahou a été l’invité de LCI, le 30 mai dernier, après la demande de mandat pour crime de guerre à son encontre par la Cour pénale internationale.

L’affaire agite aussi la Maison de la radio. La suspension de Guillaume Meurice a été suivie par une grève des personnels, le 12 mai. Ils demandaient à la direction de renoncer à sa sanction et, surtout, s'insurgeaient contre une atteinte à la liberté d’expression.

Censure sur l’humour politique

Le Grand Dimanche soir est une émission très écoutée, avec plus de 1,4 million d’auditeurs et 3, 9 millions d’écoutes par mois en podcast. Néanmoins, ce n’est pas la première fois que Radio France a du mal à gérer l’humour politique. D’un côté, le groupe se veut un espace de liberté et d’irrévérence mais, de l’autre, il licencie ses humoristes trop grinçants.

En 2010 déjà, Stéphane Guillon et ses chroniques matinales avaient “choqué” plusieurs invités du journal de 8h00. L’acteur avait alors été licencié. Le tribunal des prud’hommes avait déclaré que le licenciement était “sans cause sérieuse”.

lire aussi: Que cache le double standard médiatique français à propos de Gaza?

Avec cette vague de démissions et aujourd’hui le licenciement d’un de ses chroniqueurs vedette, le Grand Dimanche soir semble jouer sa survie d’autant plus qu’à la rentrée 2023, l’émission initialement quotidienne est devenue hebdomadaire.

Si la blague sur un premier ministre israélien ne passe pas malgré neuf mois de guerre et un mandat d’arrêt pour crimes de guerre, on peut se demander si Radio France est devenue allergique à l’humour politique ou navigue à vue selon la majorité au pouvoir ?

Charline Vanhoenacker, productrice de l’émission, n’a pas encore réagi sur son compte X. Le 2 mai, elle avait écrit : “la situation est très inquiétante mais la troupe reste mobilisée au service de la rigolade”.

TRT Français et agences