Un groupe d'environ 80 membres de l'ultradroite a tenté samedi d'entrer dans le quartier le de la Monnaie de la ville de Romans-sur-Isère (sud-est de la France), d'où sont originaires des jeunes soupçonnés d'être impliqués dans la mort de Thomas, lycéen de 16 ans, poignardé lors d'un bal à Crépol. Vingt-quatre personnes ont été placées en garde à vue à la suite de ces événements.
"Vers 18 heures, 80 individus ont tenté d'entrer dans le quartier de la Monnaie pour en découdre et ont affronté les forces de l'ordre", a expliqué la préfecture de la Drôme à l'AFP.
Les participants, encagoulés et habillés de noir, ont défilé derrière une banderole proclamant "Justice pour Thomas, ni pardon, ni oubli", en scandant "La rue, la France, nous appartient".
"Ils cherchaient à entrer en force"
"Ils venaient de toute la France. Ils cherchaient à rentrer dans le quartier de la Monnaie avec violence, puisqu'ils étaient, pour certains, casqués, armés de battes de baseball, barres de fer ou de pétards, mortiers. Et ils cherchaient à entrer en force." a expliqué le préfet de la Drôme, Thierry Devimeux, sur France Bleu.
Un militant identitaire venu de l'ouest de la France a été "tabassé" par des inconnus et son véhicule "brûlé", a ajouté le préfet qui a condamné "tous les excès de violence" au cours d'un point de presse relayé par BFM TV et France 3.
Dimanche, environ quarante militants se sont de nouveau réunis en petits groupes dans le centre-ville de Romans-sur-Isère et ont été dispersés par les forces de l'ordre, rapporte la préfecture. Au total, sept personnes comprenant trois militants d'extrême droite et quatre jeunes originaires du quartier de la Monnaie, ont été interpellées, portant à 24 le nombre de personnes en garde à vue.
Les autorités étaient au courant
"Nous avons eu des informations hier [samedi], dans l'après-midi, que des gens d'ultradroite, venant des quatre coins de la France, allaient chercher à venir à Romans pour mener une expédition punitive dans un des quartiers de la ville”, a expliqué le préfet.
Pour contrer cette menace, une réaction rapide a été mise en place en mobilisant les services de renseignement et en déployant des forces de gendarmerie pour surveiller les déplacements de ces individus. Sur les lieux, deux unités de force mobile étaient mobilisées, dont la CRS8, renforçant ainsi la présence des forces de l'ordre avec jusqu'à 120 membres samedi soir. Gérald Darmanin a également réagi sur les réseaux sociaux assurant que les forces de l'ordre vont "identifier tous les responsables d'actes inacceptables".
"Un seuil est franchi"
La violence de l’ultradroite a été condamnée par des politiques. Le député Sacha Houlié (Renaissance) a pointé sur Franceinfo la "responsabilité politique (…), notamment du Rassemblement national, des troubles à l’ordre public". "L’extrême droite a une vraie responsabilité", a approuvé la patronne des Ecologistes, Marine Tondelier, sur LCI.
"Un seuil est franchi. Une milice recrutée dans toute la France est venue agresser les habitants d’un quartier populaire", a écrit sur X le leader de La France insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon. Le coordinateur politique de LFI, Manuel Bompard, a dénoncé sur CNews "une tentative de ratonnade" et dénoncé la volonté de l’extrême droite de "donner une lecture politique à ces actes alors que l’enquête est toujours en cours".