"Nous saluons le rôle spécifique de la Turquie. Nous voulons une paix durable, par la suite. Il s'agira d'une solution à deux États", a déclaré M. Flake aux journalistes présents à l'ambassade des États-Unis dans la capitale Ankara, notant que les Etats-Unis travaillaient avec la Turquie et d'autres pays pour parvenir à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza.
"La Turquie peut s'adresser à des groupes que nous ne pouvons tout simplement pas atteindre", a-t-il ajouté. M. Flake a également salué la visite en Turquie du président palestinien Mahmoud Abbas, qui doit, par ailleurs, s'adresser au parlement turc, ce jeudi.
Israël poursuit son offensive brutale sur Gaza depuis l'attaque menée en octobre dernier par le groupe de résistance palestinien Hamas. Depuis, près de 40 000 personnes ont été tuées, principalement des femmes et des enfants, et plus de 92 000 autres ont été blessées, selon les autorités sanitaires locales.
Espérant une désescalade, M. Flake a indiqué que les États-Unis demandaient à tous ceux qui ont des relations avec l'Iran de faire des efforts pour réduire les tensions et a noté qu'Ankara a plus d'expérience dans les relations avec Téhéran parce qu'il s'agit d'un voisin.
Opération d'échange de prisonniers menée par la Turquie
L'ambassadeur américain a également salué les efforts d'Ankara pour le récent échange de prisonniers mené par l'Organisation nationale du renseignement de la Turquie (MIT). "Il s'agit d'un échange très complexe et la Turquie dispose d'une bureaucratie très professionnelle", a-t-il loué soulignant le rôle “extrêmement utile” de la Turquie en termes de logistique.
Le 1er août, le MIT a mené avec succès un échange de prisonniers impliquant sept pays dans "l'une des plus vastes" opérations d'échange de ces dernières années.
Au total, 26 personnes provenant de prisons américaines, allemandes, polonaises, slovènes, norvégiennes, russes et biélorusses ont été échangées et transportées à Ankara.
Renforcement de l'armée américaine dans la région
M. Flake a expliqué que lorsque les États-Unis constatent une escalade dans une région susceptible d'affecter leurs alliés et partenaires, ils y envoient des moyens militaires et parviennent souvent à désamorcer les tensions.
Il a ajouté qu'il y avait eu quelques renforcements militaires en Grèce pour soutenir l'Ukraine et a nié les allégations selon lesquelles les États-Unis favoriseraient la Grèce au détriment de la Turquie et se prépareraient à attaquer cette dernière.
Relations entre la Turquie et les États-Unis
Notant que le 26e sommet de l'OTAN se tiendra en Turquie, M. Flake a rappelé que "la Turquie est un membre précieux et indispensable de l'OTAN".
Il a souligné que le volume des échanges commerciaux entre les deux pays dépassait les 30 milliards de dollars et que l'objectif était de le porter à 100 milliards de dollars dans les années à venir.
M. Flake a expliqué que, quelle que soit la personne qui prendra le pouvoir en janvier 2025 après l'élection présidentielle américaine de novembre, les relations entre les États-Unis et la Turquie ne connaîtront pas de changements majeurs.
Pourparlers entre la Somalie et l'Éthiopie sous la médiation de la Turquie
"Nous constatons que la Turquie est impliquée dans ce processus, et c'est très positif", a-t-il commenté en ce qui concerne le processus de médiation d'Ankara entre la Somalie et l'Éthiopie.
Il a précisé que cette question avait été soulevée lors d'un appel téléphonique, lundi, entre le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, et le secrétaire d'État américain, Antony Blinken.
L'ambassadeur a également souligné que l'engagement de la Turquie en Afrique est différent de celui d'autres pays ayant un passé colonial.
Approbation du Congrès pour les avions de combat F-16
En ce qui concerne la vente des avions de combat F-16 et les questions relatives aux F-35 entre Ankara et Washington, M. Flake a confirmé que les approbations nécessaires du Congrès pour la vente des F-16 ont été reçues.
“La décision de réintégrer ou non la Turquie dans le consortium du F-35 ne dépend pas seulement des États-Unis, mais aussi des autres membres du consortium” a-t-il avancé.
Le 26 janvier dernier, le département d'État américain a approuvé la vente d'avions F-16 et de kits de modernisation à la Turquie pour un montant de 23 milliards de dollars, après avoir reçu le feu vert de la Turquie -elle-même membre de l'OTAN depuis plus de 70 ans- pour l'adhésion de la Suède à l'OTAN.
En octobre 2021, la Turquie a demandé aux États-Unis 40 nouveaux F-16 Block 70 ainsi que 79 kits de modernisation pour porter ses F-16 restants au niveau Block 70.
La Turquie a également reçu un projet d'offre et une lettre d'acceptation de la part des États-Unis concernant l'achat de nouveaux jets en février, selon le ministère turc de la défense nationale.
La Turquie faisait partie du programme F-35 avant que sa participation ne soit suspendue en raison d'un différend concernant l'achat par Ankara du système de défense aérienne russe S-400, après que ses efforts pour acheter des missiles américains Patriot ont été rejetés.
M. Flake a ajouté que le retour de la Turquie dans le consortium F-35 nécessitait la résolution de la question du S-400.
Guerre entre la Russie et l'Ukraine
L’invocation par la Turquie de la Convention de Montreux lorsque la guerre entre la Russie et l'Ukraine a éclaté, "a été un avantage significatif pour l'Ukraine et sa défense", ce qui a empêché "la capacité de la Russie de se réapprovisionner et de mettre en place des moyens supplémentaires dans la mer Noire", selon l’ambassadeur.
La convention de Montreux de 1936 régit le passage des navires dans le détroit de Turquie. Elle donne à la Turquie le pouvoir de restreindre le passage des navires de guerre dans les détroits turcs en temps de guerre.
En ce qui concerne la déclaration d'un fonctionnaire du département du Trésor américain selon laquelle il y aurait des conséquences si Ankara continuait à commercer avec Moscou, notamment dans le domaine des matériaux tels que les puces électroniques, M. Flake a indiqué qu'il comprenait la position de la Turquie de ne pas appliquer les sanctions unilatérales des États-Unis et de ses alliés européens à l'encontre de la Russie.
Il a, toutefois, ajouté qu'ils voulaient s'assurer que les pièces pouvant être utilisées par la "machine de guerre" russe n'augmentent pas.