La langue est un sujet sensible en Inde, où il en existe des centaines, l'anglais servant de langue officielle véhiculaire tandis que les gouvernements des Etats utilisent les langues régionales. Selon le dernier recensement, en 2011, seuls 44% des Indiens parlaient l'hindi.
Le mois dernier, un groupe de parlementaires menés par l'influent ministre de l'Intérieur Amit Shah a, selon des informations de presse, recommandé de faire de l'hindi la langue officielle nationale, y compris pour l'éducation.
Le Premier ministre Narendra Modi, un nationaliste hindou, critique pour sa part l'usage de l'anglais qu'il estime dû à une "mentalité d'esclave" et promeut l'usage de langues indiennes.
Mais ses opposants l'accusent de vouloir surtout imposer l'hindi, ce qui mécontente les populations dans le sud du pays où l'on parle des langues dravidiennes, une famille complètement différente de celles des langues indo-européennes dont fait partie l'hindi.
Selon la police, MV Thangavel, un paysan de 85 ans, s'est aspergé avec du carburant et s'est suicidé par le feu samedi à Salem, dans l'Etat méridional du Tamil Nadu, en brandissant une pancarte sur laquelle on pouvait lire: "Gouvernement Modi, arrête d'imposer l'hindi. Pourquoi devons-nous choisir l'hindi au détriment du tamoul à la riche littérature? (...) Cela nuira à l'avenir de notre jeunesse".
M. Thangavel s'est donné la mort devant un local du parti DMK, au pouvoir dans le Tamil Nadu et dont il était un militant, a précisé un responsable de la police.
MK Stalin, le chef de ce parti critique du gouvernement Modi, a présenté ses condoléances à la famille du défunt, mais a demandé à ce que plus personne ne se suicide. "Nous ne devons pas perdre une vie de plus", a-t-il imploré, exhortant ses sympathisants à "lutter contre l'imposition de l'hindi politiquement, démocratiquement". "Ne laissons pas l'étroitesse d'esprit gâcher un beau pays de diversité", a-t-il ajouté.