Après la victoire du Rassemblement national aux élections européennes du 9 juin, et son score record aux élections législatives, les groupes d’extrême droite ont multiplié les actes de violences sur internet et dans la vie réelle.
Les violations de la liberté de la presse en France ont augmenté selon la Fédération européenne des journalistes (FEJ) sur la plateforme Media Freedom Rapid Response (MFRR). En juin, ces atteintes ont presque quadruplé par rapport au début de l'année, avec 22 attaques enregistrées pendant la campagne législative.
Camille Magnissalis, responsable du monitoring auprès de MFRR, explique que "près de 70% de ces attaques contre les journalistes revêtent un caractère xénophobe et évoquent le contexte électoral".
Menace et harcèlement
Karim Rissouli et Mohamed Bouhafsi de France Télévisions ont témoigné publiquement avoir reçu de nombreux messages racistes et menaçants, parfois envoyés à leur domicile. Le journaliste de Mediapart Youmni Kezzouf a également été victime de propos racistes début juillet alors qu'il réalisait un reportage au Blanc près de Châteauroux.
La journaliste de Blast Salomé Saqué a aussi été victime de harcèlement. Le 4 juillet, elle partage un message qu’elle a reçu dans les DM de son compte X : "Tu sais, c’est pas parce que tu es journaliste que tu ne vas pas prendre une balle dans la tête…”. "Je ne sais pas à quoi nos vies ressembleront si le RN arrive au pouvoir, nous, que l’extrême droite a désignés comme des ennemis." écrit-t-elle dans son tweet.
Alors qu’un journaliste de France 3 Franche-Comté a porté plainte pour "menaces de mort" contre l’entourage d’un candidat du parti Reconquête, en Bretagne, les locaux du journal Le Poher ont été couverts de stickers menaçants.
Le média Streetpress dans le viseur
Durant les trois semaines de la campagne électorale, Streetpress, un média en ligne, a reçu plusieurs milliers de mails insultants, racistes et menaçants après avoir publié des révélations sur les candidats du RN. Mathieu Molard, rédacteur en chef, explique que la rédaction a reçu plus de 800 mails insultants et islamophobes en une seule journée, celle du 29 juin et qu’ils vont signaler ces faits au parquet pour déterminer leurs sources. Il mentionne même avoir découvert des appels à attaquer les locaux du média sur la messagerie Telegram, notamment sur une chaîne nommée "Division aryenne française".
Pour le sociologue et politologue Erwan Lecoeur, la violence des groupes d'extrême droite ne fait qu’augmenter. "La violence la plus en hausse est celle de groupuscules d'extrême droite qui attaquent des militants de gauche, écologistes ou féministes. C'est de plus en plus fréquent, et les réseaux sociaux permettent de se rassembler plus facilement pour mener des opérations punitives." explique-t-il à France 24.