Lors de la précédente conférence de l'ONU sur le climat à Glasgow il y a un an, quelque 200 pays s'étaient engagés à "maintenir en vie" l'objectif le plus ambitieux de l'accord de Paris. C'est-à-dire limiter le réchauffement d'ici l'an 2100 à +1,5°C par rapport à l'ère pré-industrielle, en rehaussant leurs engagements de réduction de gaz à effet de serre pour la COP27 de Charm el-Cheikh.
Mais moins d'une trentaine de pays l'ont fait, mettant la planète sur la voie au mieux d'un réchauffement de +2,4°C. Et cette première semaine de la COP27 n'a pas vu beaucoup d'annonces, à l'exception de celle du Mexique.
"Chacun semble attendre maintenant des autres, en se regardant en chiens de faïence, estimant avoir fait sa part", a commenté Pierre Canet, de l'ONG WWF.
Selon plusieurs observateurs, la Chine et l'Arabie saoudite ont même fait savoir leur réticence, déjà exprimée dans le passé, à voir mentionnée dans la déclaration finale la référence à l'objectif de +1,5°C, insistant sur le principal objectif de l'accord de Paris de "nettement en dessous" de +2°C.
"Encore plus loin"
"La plupart des pays ici n'a pas l'intention de revenir en arrière", a insisté l'émissaire spécial américain pour le climat John Kerry, tandis que la présidence égyptienne de la COP27 appelait à aller "encore et encore et encore plus loin".
Comme les décisions sont prises par consensus, un seul pays peut empêcher toute adoption. L'an dernier, une revendication surprise de dernière minute de la Chine et de l'Inde avait encore prolongé la conférence qui avait déjà largement débordé.
Sous cette pression, les délégués avaient affaibli la référence, toutefois historique, aux énergies fossiles, appelant à "intensifier les efforts vers la réduction du charbon sans systèmes de capture" de CO2.
La façon dont les fossiles seront évoqués sera regardée de près, alors que certains souhaitent un renforcement de cette formulation, pour inclure le gaz et le pétrole, ou évoquer une date de sortie, note une source européenne.
Dans la déclaration finale, il faut "un certain nombre de choses qui disent aux gens +on vous a entendus, il y a une urgence, c'est tout le monde sur le pont et on va utiliser tous les leviers pour décarboner la planète+", résume Alden Meyer, analyste au think tank E3G.
Du Pakistan noyé sous les inondations historiques il y a quelques mois aux petites îles du Pacifique menacées par la montée de l'océan, les pays en développement réclament de leur côté plus d'argent aux pays riches qui n'ont pas respecté leur promesse de porter à 100 milliards de dollars par an leur aide destinée à la réduction des émissions et l'adaptation aux impacts.
Ils revendiquent également désormais la mise en place d'un mécanisme spécifique pour faire face aux "pertes et dommages" déjà subis, se heurtant à la réticence des pays riches.
"Pas les mains vides"
"Je ne connais pas beaucoup de gens qui voudraient approuver quelque chose qui n'est même pas totalement défini", a commenté John Kerry, soulignant que les Etats-Unis n'accepteraient pas une quelconque "structure légale" liée à des "compensations", mais qu'ils étaient prêts à des discussions sur des "arrangements financiers" qui pourraient se poursuivre jusqu'à 2024.
Créer un mécanisme dédié, "est-ce que c'est la bonne solution ? On pense que ce n'est pas le cas", indique de son côté une source européenne à l'AFP, préférant l'utilisation d'organismes existants comme le Fonds Vert pour le climat.
"Nous n'abandonnons pas le combat, il faut pousser et pousser plus fort", a déclaré Henry Kokofu, négociateur du Ghana, s'exprimant au nom du Climate Vulnerable Forum qui rassemble près de 60 pays.
"Le plus gros problème est le manque de volonté politique, la réticence à voir l'urgence climatique", a commenté de son côté la ministre de l'Environnement des Maldives Aminath Shauna, refusant tout "compromis".
"Je ne veux pas partir de cette COP les mains vides", a-t-elle ajouté.
Les ministres entreront en jeu à partir de mardi pour tenter de régler les contentieux politiques en vue de l'adoption d'un texte final espéré vendredi, dernier jour prévu de la conférence.
Après les discours la semaine dernière d'une centaine de chefs d'Etat et de gouvernement, dont le président américain Joe Biden qui a appelé vendredi "tous les pays" à faire plus, la deuxième semaine sera marquée par la venue du président brésilien élu Luiz Inacio Lula da Silva.