Arrêté lundi à Paris alors qu’il séjournait dans la capitale française pour des conférences et des rencontres avec des activistes africains, le militant panafricaniste est toujours détenu à la DGSI ( Direction générale de la sécurité intérieure).
Son avocat maître Juan Branco a expliqué aux journalistes qu’il est poursuivi pour “intelligence avec une puissance extérieure, en vue de susciter des actes d’agression et d'hostilité à l'égard de la France et d’atteinte aux intérêts fondamentaux de la France”. En d’autres termes, il lui est reproché de travailler pour des intérêts étrangers.
Lire aussi: Les militants panafricanistes dans le viseur de la France
Pour maître Juan Branco, ces dispositions issues du code militaire “s’appliquent en temps normal aux soldats et fonctionnaires pour des fautes graves comme le vol des plans des centrales nucléaires”.
Kemi Seba encourt ainsi une peine de prison pouvant aller jusqu'à 30 ans de réclusion et une amende de 450 000 euros, selon sa défense. Toutefois, il faudra encore attendre 96 heures pour que le militant soit présenté à un juge.
Aucun lien avec la réalité
D'après maître Branco, les infractions relevées contre Kemi Seba n’ont aucun lien avec la réalité. Il soutient que son client n'a fait qu'exprimer ses opinions en "défendant la souveraineté de l'Afrique".
“La France veut faire payer a ce militant panafricaniste l’humiliation qu’elle a subie en Afrique, suite à l'effondrement du dispositif qui permettait l’enrichissement illicite des élites françaises”, a lancé Juan Branco.
Il a relevé que son client n’a commis aucune infraction, étant régulièrement entré en France avec un passeport diplomatique nigérien et une lettre de mission. Il dénonce une “violation flagrante de la convention de Vienne” en rapport avec la protection diplomatique.
L’avocat a aussi mis en garde la France, contre d'éventuelles représailles à l’encontre des journalistes français exerçant à l'extérieur. “Certains gouvernements pourraient s’appuyer sur le cas de Kemi Seba pour s’en prendre aux Français, sous prétexte qu'ils auraient commis des actes d’espionnage” .
Virulent pourfendeur de la Françafrique, Kemi Seba 42 ans, né à Strasbourg, avait été déchu de sa nationalité française en juillet 2024. Deux semaines plus tard, les autorités nigériennes lui avaient délivré un passeport diplomatique. Kémi Seba a été arrêté à Paris alors qu’il était "en possession d’un passeport diplomatique nigérien et d’un visa Schengen", a rappelé la porte-parole d'Urgences Panafricanistes, l’ONG qu’il dirige.